Les 10 livres que je t’associerai toujours, au-revoir ma douce Meli

Celles et ceux qui fréquentent ces pages depuis longtemps le savent, Maureen, Meli avec son Bazar de la littérature, était une grande amie de longue date. Elle nous a violemment quitté le 19 mai dernier et je ne m’y fait toujours pas. alors aujourd’hui j’ai envie de lui rendre hommage en pages. Parce que c’est l’une des nombreuses choses qui nous reliait, celle pour laquelle nous sommes devenues « publiques » avec des blogs, des Facebook, Instagram, YouTube, et autres partagent de cet acabit.

Les souvenirs de notre vingtaine vont rester gravés en moi. Cette époque où on passait nos soirées ensemble – et tes ratounes – à bouquiner dans ton studio aux murs verts et aux rideaux roses quand les filles de notre âge écumaient soirées et bars, ces mêmes soirées à coudre des peluches, faire des tests débiles, regarder des films et parler jusqu’à tomber de sommeil, de tout de rien et beaucoup de livres, nos après-midi midi shopping à faire les libraires, La Bourse notamment où nous avions « notre » coin,  » notre » salle, où l’on restait des heures, et tant et tant d’autres encore…. Tu es partie, trop tôt, vraiment trop tôt, mais tous ces souvenirs, eux, sont là et je vais les chérir tant et encore.

Des livres, il y en a des centaines et des centaines que je te dois, qui te rappellent à moi. N’en choisir que 10 est si peu et demain c’en seraient probablement 10 autres. Mais voilà, là, maintenant, ce sont ceux-là qui m’ont souri depuis mes bibliothèques, ceux-là qui ont fait surgir des images, des émotions, surtout ses rires et des sourires. Il y a déjà trop de larmes. Ils n’y a pas d’ordre d’importance, juste 10 livres au fil des étagères et le lien qu’ils sont être toi et moi.

1 – Alors bien sûr, l’étagère des éditions du Chat Noir s’est un peu faite dépouillée. Parce que  cette maison d’édition c’est grâce à toi que je l’ai connu, et c’est grâce à toi que j’ai pu vivre toutes mes aventures félines… Tout à commencé avec un Chat Noir qui n’en est pas tout à fait un. Quintessence hiémale de Cécile Guillot et Mathieu Guibé. Un bijou. !C’est le tout premier livre acheté lors de mon tout premier salon avec toi. C’était il était une fois en 2012 à Octogone. Et puis un salon plus tard, la même année, j’ai craqué pour mon premier « vrai » Chat Noir Le lamento des ombres. La machine était lancée. Parce que mon histoire avec les éditions du Chat Noir c’est aussi mes deux mini bouts de bébés, chacune nichée au cœur de ces recueils que sont Montres Enchantées et Bal Masqué. Et ces quelques gribouillouillures…. C’est grâce à toi parce que tu n’aurais pas été à mes côtés pour me traîner en salon, tu ne m’aurais pas introduite à cette maison, tu ne m’aurais poussé aux miches pour soumettre « When Time drives you insane » lors de leur appel à texte. Rien ne serait arrivé. Alors ça peut vous paraître futile, ce ne sont que deux pauvres nouvelles qui n’ont pas eu un succès fou, mais pour moi ça a tellement été important. Tu croyais en moi, même quand moi je n’y arrivais pas. Et le souvenir appelant un souvenir….Il était une fois une Meli qui va aux Imaginales, en 2013 très certainement, sans moi car j’étais, pour changer, en Italie, mais en même temps qu’est ce que j’aimais aller en Italie fouiller chaque ann. Et Meli qui m’appelle à un moment. Toute excitée et j’entends du brouhaha derrière elle et qui demande à quelqu’un si elle peut me le dire, j’entends cette personne dire oui et elle m’annonce que ma nouvelle est retenue pour l’anthologie steampunk du Chat Noir. La personne en question c’était Mathieu Guibé et il y a encore des gens à Ostie qui se souviennent de mon crouinement ( oui c’est le mélange entre le cri et le couinement) de bonheur éclaté dans les nouveaux dépôts.

Assurément l’un de mes plus beaux souvenirs.

2 – Bien évidemment du Barjavel… Et bien sûr Les dames à la licorne. Encore que mon cœur oscille avec Ravage mais bon deux livres deux ambiances tellement différentes. Je me souviens de ton emphase et des paillettes dans tes yeux quand tu parlais de René ! Et ce jour où chez Diogène, pour une fois qu’on y mettait les pieds, tu as trouvé un Barjavel dédicacé. À une certaine Marie mais ça faisait l’affaire. Il m’en manque encore pas mal, mais ma collection s’agrandit peu à peu. Et oui je n’ai toujours pas lu L’enchanteur

3 – Et qui dit Barjavel, dit Jane Austen. Ah ces après midi à bavasser devant le téléfilm de la BBC… Nous n’avions pas le même favori. Orgueil et préjugés VS Raison et sentiments, mais Persuasion nous mettait incontestablement d’accord.

4 – Et l’Irlande… Difficile de passer à côté de ce recueil de récits folkloriques et mythologiques sans me souvenir de ces trois semaines de folie passer au pays de la verte émeraude avec toi. Le choc de l’arrivée à Dublin – capitale UNESCO de la littérature – sous la pluie et – purée ta patience avec moi face à mes grognements sur le temps – le train et cette campagne perdue au milieu de nul part, Avalon, Snoopy et les chevaux flippant, Temple bar, le jus d’ananas et la Guiness, les librairies et le magasin de souvenirs, ma groupisation devant la statue – moche – d’Oscar Wilde et devant le théâtre qui jouait L’importance d’être constant… Ou était-ce L’éventail de Lady Windermere ? Ma mémoire me fait defaut…alors certes un recueil de mythes irlandais mais surtout, surtout introduit par nul autre que Y B Yeats.

5 – Alors qui dit Irlande, dit aussi Le livre des choses perdues de John Connolly. Le livre que tu avais emporté avec toi justement et que tu lisais le soir, mais un peu seulement parcqu’on était sacrément fatiguées de nos journées. Je t’entendais rigoler toute seule dessus… Il faudra que je le lise bientôt je pense.

6 – le premier livre que tu m’as offert : La sève et le givre de Léa Silhol. Des fées et une sorte de poésie en prose. Tu étais certaine qu’il me plairait et comme si souvent dans tes conseils et suppositions littéraires tu as eu raison. On avait chacune nos goûts, nos identités littéraires – colle nos identités tout court en fait – propres, qui parfois différaient énormément mais pour autant on savait quand on voyait un livre s’il allait plaire à l’autre ou non. Enfin je me suis plantée avec Robert Holdstock mea culpa.

7 – Jean Philippe Jaworski, Même pas mort. Les Imaginales 2015 du coup. Mes premières. Rien que ça déjà c’était toute une aventure que je n’aurai pu vivre qu’avec toi et à ce moment. Littéralement descendre de l’avion, passer chez moi poser la valise italienne, prendre la valise Imaginales préalablement préparée et te retrouver pour prendre le train, tout ça en moins de 6 heures … Outre le fait que c’est aussi ma toute première dédicace pour mini bébé n.1, c’est lors de ce salon que j’ai rencontré cet auteur fantastique, d’un talent et d’une gentillesse extraordinaire. Bon ok des auteurs et des autrices comme ça il y en a pas mal, mais en 2015 ça avait été une rencontre géniale. Tu m’avais dit que j’allais aimer Gagner la guerre (et de fait oui) mais en bonne antiquisante je me suis dirigée vers ce premier tome et s’en est suivie une discussion sur les amphores du VI e s. avant notre ère en Gaule sous ton regard amusé parce que  » il n’y a bien que toi pour parler céramique antique à un salon littéraire ». Ce livre et son auteur me font également dérivés sur ma découverte de Julien Gracq grâce à la conférence où nous étions allées lors de cette même édition…

8 – Stéphanie Meyer, Fascination. Haha avouez, celui-là, vous ne vous y attendiez pas. Et pourtant, je continue à le dire, ce premier tome est pas si mal pour de la jeunesse fantastique, surtout si on le remet dans son contexte de lecture. Nous sommes en 2008, en avril. Et si je m’en souviens si bien c’est parce que tu m’avais prêté les trois premiers tomes sans me dire de quoi il s’agirait pour me tenir compagnie dans mon train pour un stage de formation à Montpellier. 2008 donc avant que le monde entier de quoi il s’agissait, et oui, oui. Ok c’est pas foufou mais personnellement je suis tombée dans le jeu du premier tome. Vampire ? Pas vampire ? Et bien oui comme le personnage principal j’ai fait l’hypothèse et puis douté et puis même et ah je savais ! Bref si les trois derniers tomes sont disponibles j’avais vraiment aimé le premier et c’est grâce à toi.

9 – Un irlandais bien sûr, mais chut n’allez pas lui dire ça, à lui qui a quitté l’Irlande et refusait d’écrire ou de parler sa langue et a fait sa carrière en maîtrisant le français comme bien peu de français en sont capables. Bref Samuel Beckett et Molloy… Un livre qui a donné des sueurs froides à pas mal d’étudiants en Lettres et que j’avais adoré. En un mot comme en cent, ce livre est génial, il propose une vraie réflexion, méta, sur la langue et la manière dont on l’utilise. Bref. Tu avais le courage, la folie, les deux peut-être de mener de front ta licence d’histoire de l’art et de lettres. Et moi je venais squatter certains de tes cours parce que si j’avais pu – et pouvais encore – passer ma vie sur les bancs de la fac à apprendre, j’aurais été la plus heureuse. C’était le seul cours de lettres que je pouvais suivre à cause de mon emploi du temps en archéologie. Je ne me souviens plus de l’intitulé exact, mais ce cours avait été une révélation. Je voulais finir aussi ma licence de lettres commencée en première année… Chose faite des années plus tard en parallèle de ma première année de thèse (ça en revanche c’était stupide). Ton prof devait me prendre pour une folle et le pire, j’étais plus assidue qu’un paquet d’étudiants inscrits.

10 – ce n’est pas vraiment un livre. Pas encore et maintenant que tu n’es plus là, je ne sais pas s’il aurait encore un sens. C’étaient les gribouillis commencés quand on était en Irlande, une histoire née au détour d’un chemin de fées, en travaillant à peindre un mur de couloir, en faisant un chemin entre des enclos, en allant cueillir les cranberries, en nettoyant le bain des canards. C’est une histoire commencée comme une blague, une parodie et qui a fini par nous rattraper. On s’était prises au jeu et puis j’avais continué. Et puis on est rentrées. Et puis une chose et une autre et encore une et peu à peu l’histoire c’est retrouver sous un tas d’autres choses à faire. Plus importantes. Et maintenant je regrette. Comme plein de choses, je regrette de ne pas avoir pris le temps. Pros ce temps pour finir notre histoire, notre délire. Alors des fois je me dis que maintenant je devrai finir. Pour toi. Et puis je me dis aussi que ça n’a plus vraiment de sens sans toi.

Voilà, 10 livres parmi tant sur mes étagères qui sont un lien entre toi et moi, qui un peu de toi parce que toi tu n’es plus là.

Mon amie.

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