Fabrice Colin, GoldenAge

📓 Fabrice Colin,
Golden Age
Hachette, Le rayon imaginaire,
2022

📓 4e de couverture

« Il nous faut distinguer trois mondes. Le NĂŽtre, le Leur, et celui du Milieu : le Delirium. »
Dandelion Manor, Dorset, juillet 1914. 
Dans la langueur d’un Ă©tĂ© secouĂ© par les Ă©clairs menaçants de la guerre qui approche, quatre Ă©crivains vieillissants, jadis si crĂ©atifs, sont rĂ©unis. L’inspiration s’est envolĂ©e ; les bruits de bottes feraient-ils fuir les fĂ©es ?
A leurs cĂŽtĂ©s, un elfe sauvage et fantasque, une femme secrĂšte assoiffĂ©e de rĂ©ponses et un enfant rĂȘveur connectĂ© aux univers visibles et invisibles assistent aux derniers soubresauts de ce monde qui meurt. Jusqu’oĂč iront les crĂ©ateurs dĂ©boussolĂ©s pour faire revenir leurs muses ? Et qu’advient-il de ce qui compte vraiment quand tout s’Ă©croule ?

📓 Avis

Golden Age, l’Ăąge d’or, l’autrefois meilleur, porte bien son nom et je pense que je n’aurais pas pu le lire Ă  un meilleur moment. Ou pire, tout dĂ©pend du point de vue.
A un niveau trĂšs personnel, c’est l’ouvrage qui m’a accompagnĂ© – si l’on peut dire comme ça – dans le dĂ©cĂšs d’une personne trĂšs chĂšre, une personne qui aurait sans doute aimĂ© ce livre, aimĂ© ce qu’il renferme, une personne qui, bien qu’adulte voyait encore les fĂ©es oĂč elles se trouvaient et ne se trouvaient pas. Bref. Pas lecture dans un moment Ă©vident, mais qui a eu comme un effet cathartique.

J’ai dĂ©couvert cet ouvrage, et la collection, il y a quelques mois Ă  peine, aprĂšs avoir Ă©coutĂ© l’Ă©mission de Mauvais Genre qui lui Ă©tait consacrĂ© et, comme il Ă©tait en rayon dans l’espace culturel de lĂ  oĂč je vivais alors (et qui Ă©tait la seule librairie un poil dĂ©cente Ă  proximitĂ©), hop dans la musette.

PremiĂšre chose Ă  mentionner sur cet ouvrage c’est la qualitĂ© esthĂ©tique de l’objet en lui-mĂȘme qui est tout bonnement magnifique. Tout d’abord la couverture est superbe et j’aime vraiment cette identitĂ© graphique pour la collection. Mais c’est surtout la mise en page interne qui m’a laissĂ© bouche-bĂ©e. Florent SalaĂŒn (et son Ă©quipe) a vraiment fait un boulot extraordinaire, qui a dĂ» ĂȘtre un enfer de rĂ©alisation. Cette idĂ©e d’avoir visuellement sĂ©parĂ© les chapitres sur les humains (en fond blanc Ă©crit en noir) des chapitres fĂ©eriques (en fond noir Ă©crit en blanc) est absolument superbe et montre bien, je trouve, que la porte entre ces mondes est dĂ©jĂ  quasi fermĂ©e, que le voile les sĂ©parant est dĂ©jĂ  quasi retombĂ© pleinement. En outre, j’adore le dĂ©corum qui vient enluminer la premiĂšre page de chaque chapitre « humain ».

Rien que l’objet nous fait entrer dans les dĂ©liĂ©s de l’imaginaire, nous invite Ă  ce voyage merveilleux…ou pas.

Au passage, bonjour la référence à Alice aux pays des Merveilles.

GoldenAge, c’est l’histoire, Ă  l’aube de la PremiĂšre Guerre Mondiale, de quatre amis Ă©crivains d’un Ăąge plus que certain qui se retrouvent dans la propriĂ©tĂ© de l’un d’entre eux, oĂč sĂ©journent Ă©galement son fils, sa belle-fille et ses petits enfants, mais aussi – suprise – la maĂźtresse du fils. Ils ont connu, autrefois, le succĂšs pour leurs histoires, du merveilleux pour enfants qu’ils disent inspirĂ©es par les fĂ©es, mais sont depuis plusieurs annĂ©es sans inspiration et vivent dans le souvenir de leurs annĂ©es fastes. En parallĂšle des drames et squelettes exhumĂ©s de ce petit monde en huit clĂŽt, on suit aussi, l’histoire d’un Puck ou d’un Pook, bref d’un lutin ou d’une fĂ©e au nom imprononçable pour les humains, messager du Roi et messager de la Reine des fĂ©es en mĂȘme temps.
Et dĂ©jĂ , lĂ  il y a le premier point gĂ©nial du roman. Le fait de transcrire de maniĂšre illisible mais visuellement reconnaissable le nom de la fĂ©e parce que son nom n’est pas apprĂ©hendable par l’esprit de l’homme mais qu’il faut bien que le lecteur puisse le reconnaitre. Oui, oui et oui. C’est mĂ©ta et j’adore.

Golden Age est un roman d’une complexitĂ© que j’ai vraiment adorĂ© et si je doute d’avoir compris tous les mĂ©andres tissĂ©s par l’auteur, j’en ressors avec le cerveau qui joue des mĂ©caniques et j’aime vraiment ça. C’est assez marrant d’ailleurs mais les rĂ©flexions que m’a amenĂ© Ă  me faire ce roman sont gĂ©nĂ©ralement doubles et je n’arrive pas vraiment Ă  trancher une rĂ©ponse nette aux questions, aux interrogations soulevĂ©es. Monsieur Colin ne jouerait-il pas Ă  ce petit jeu avec son lecteur justement ? Faire se poser des questions, soulever des interrogations, mais se garder de donner la rĂ©ponse si tant est qu’elle soit unique et non plurielle, ou changeante…comme une fĂ©e. Si c’est le cas, et dans un sens je le pense, alors encore plus de oui.
Je doute d’ailleurs d’arriver Ă  vous parler de tout, mais en mĂȘme temps il faut garder un peu de mystĂšre non ? Attention, ne prenez pas peur. Il est complexe oui, parce qu’il aborde Ă©normĂ©ment de choses, mais il n’est pas compliquĂ© pour autant. Mon esprit tordu adorĂ© se jeter dans les diffĂ©rents niveaux de lecture, mais l’histoire peut trĂšs bien se savourer pour elle-mĂȘme et en elle-mĂȘme et ce n’est pas moins je ne sais quoi. Chacun lit bien comme il veut et prend son plaisir littĂ©raire comme il l’entend. Ne vous forcez jamais Ă  chercher ce que vous ne voyez pas, si vous en entre-voyez la lueur suivez lĂ  si cela vous chante mais ne vous perdez pas dans une quĂȘte de l’invisible. Vous vous Ă©puiserez et finirez par ne jamais voir les fĂ©es…oups encore un point qu’on pourrait dire mĂ©ta de Golden Age.

Abordons donc ce point maintenant. Ce roman est complĂ©tement mĂ©ta sur la littĂ©rature, sur le processus d’Ă©criture et sur le mythe de l’age d’or aussi d’une certaine maniĂšre. Et ceux qui me lise rĂ©guliĂšrement savent Ă  quel point j’adore quand un roman est mĂ©ta, si c’est la premiĂšre fois je pense que vous l’aurez compris aussi. Est-ce qu’Ă  travers ce roman, Fabrice Colin ne nous ferait pas une sorte de « chronique d’une mort annoncĂ©e » de l’imaginaire ? Aussi bien la chronique de ‘la mort de la littĂ©rature d’imaginaire comme elle pouvait exister avant la PremiĂšre Guerre Mondiale (qui en fait marque la vraie cĂ©sure entre la littĂ©rature dite XIXe et la littĂ©rature contemporaine – rĂ©flexion qui marche aussi pour l’Histoire par ailleurs), mais aussi peut ĂȘtre la peur ou l’angoisse de la mort de l’imaginaire comme nous le connaissons maintenant ? Le fait que les fĂ©es quittent dĂ©finitivement le monde, n’est-il pas l’allĂ©gorie d’un imaginaire qui ne se renouvelle que peu ? Ou bien au contraire du fait qu’au final les Hommes n’ont pas, plus, besoin des fĂ©es pour alimenter leur imaginaire ?

Passons un peu Ă  l’histoire quand mĂȘme.
Tout d’abord le monde est conçu en trois espaces : celui des Hommes – qu’on connait bien car il est le notre, mĂȘme si trĂšs lĂ©gĂšrement uchronique – oĂč les fĂ©es ne peuvent pas pĂ©nĂ©trer ; celui des fĂ©es oĂč les Hommes ne peuvent pas pĂ©nĂ©trer ; et celui de l’entre-deux : le DĂ©lirium, cet espace point de rencontre oĂč les Hommes peuvent se perdre, oĂč les fĂ©es peuvent se cacher. OĂč les deux peuvent se rencontrer. Mais comme son nom l’indique, ce n’est pas non plus un espace dont on ressort indemne…

Commençons un peu par l’histoire des Hommes, cette famille au sens large, en huit-clos dans un manoir du Dorset, au bord de la mer. La premiĂšre chose qui m’a rapidement frappĂ© pendant ma lecture est que les personnages ont beau vivre ensemble, ils ne s’écoutent pas. Chacun est dans ses tracas, ses pensĂ©es, ses idĂ©es, chacun dans son monde et chacun qui ne s’intĂ©ressent pas, ne se prĂ©occupent pas des autres. Il y a une solitude qui se dĂ©gage des personnages qui est touchante mais aussi effroyable, qui trouve beaucoup trop d’Ă©chos avec notre monde oĂč les gens se cĂŽtoient mais ne se parlent pas, se retrouvent autour d’un verre mais restent sur les tĂ©lĂ©phones (observez une table ou deux en terrasse de bar, observer parfois vos propres tables… et je suis tout autant coupable parfois).
Dans Golden Age, il y a deux types d’humains : ceux qui ont vu/qui voient les fĂ©es et ceux qui ne les voient pas. C’est notamment le cas des parents et de la maitresse qui n’ont aucune idĂ©e de l’existence des fĂ©es et ne s’Ă©panchent donc pas vraiment sur le sujet. Ils ont leurs tracas. Madame est dĂ©laissĂ©e, Monsieur se retrouve au pied du mur par la prĂ©sence de Mademoiselle la maitresse et cette derniĂšre voudrait que les choses soient claires. Et bien Ă©videmment rien ne va aller dans le sens qu’ils voudraient. On pourrait croire Ă  un vaudeville… mais un vaudeville est censĂ© faire rire et non attirer la pitiĂ©. Ici, ils sont Ă©tranglĂ©s par des carcans, des positions qui ne sont pas les leurs, des envies, des dĂ©sirs qui les Ă©touffent, les noient, qu’ils ne comprennent pas forcĂ©ment. Les relations qu’ils ont les uns avec les autres, avec les autres personnages du roman, avec eux-mĂȘme vont Ă©normĂ©ment Ă©voluer, aller de complication en complication. Bref en un mot, comme en cent : c’est le bordel dans leurs vies, alors les dĂ©lires de papi et des enfants sur les fĂ©es… vous pensez-bien que ça rentre par une oreille et sort par l’autre. Ce ne sont pas les passages que j’attendais le plus ou que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© dans le roman – bien qu’ils soient les plus prĂ©sents je dois le dire – mais je pense que, dans un sens, ils sont parmi les plus importants car ils sont un reflet de ce monde sur le point de bascule et tĂ©moignent peut-ĂȘtre de l’effet du dĂ©part des fĂ©es. AprĂšs tout est-ce une coĂŻncidence si le monde, aussi bien avec un petit « m » qu’avec un grand, va mal au moment oĂč les fĂ©es s’en vont ? Ou bien est-ce l’inverse ? Est-ce parce que le monde va mal que les fĂ©es s’en vont ? Ou encore un hasard, purement hasardeux, puisque les deux mondes ne communiquent que par le DĂ©lirium ?  Il y un dĂ©calage entre les deux femmes qui est je trouve bien explorĂ©e par l’auteur et dans un sens elles sont chacune la personnification de deux Ă©poques qui entre en collision. L’Ă©pouse est l’archĂ©type de la mĂšre de famille et bonne Ă©pouse de l’aristocratie ou de la bourgeoisie du XIXe, avec ses jupons, ses corsages, ses maniĂšres.  La maĂźtresse au contraire prĂ©figure les annĂ©es folles, le dĂ©but de la libĂ©ration des moeurs, de l’exploration. Pour autant si elles sont opposĂ©es, elles vont aussi se trouver, s’aider et les rĂŽles vont d’une certaine maniĂšre se renverser quand l’Ă©pouse va commencer Ă  agir selon ses dĂ©sirs et quand la maĂźtresse au contraire va rĂ©flĂ©chir avant d’agir. Lui, l’Ă©poux, le fils, au contraire va rester bloquĂ©, enchaĂźner les mauvais pas, les erreurs et quand il se ressaisira il sera trop tard. Mais pas que pour lui.
Les quatre vieux Ă©crivains et les enfants en revanche sont – entre autres – ceux par qui le lecteur va apprĂ©hender les fĂ©es.
Les enfants ne sont bien que les seuls Ă  avoir un peu d’interaction directe avec elles. Surtout le petit Merlyn qui va connaitre de l’émerveillement, de la stupeur, de l’incomprĂ©hension, de la peur aussi. Et je vais chercher peut-ĂȘtre un peu loin, mais n’y aurait-il pas un clin d’Ɠil Ă  FaĂ«rie de R.E Feist ? Parce qu’il lui arrive quand mĂȘme exactement la mĂȘme chose qu’Ă  un des gamins qui a frĂ©quentĂ© les fĂ©es de ce roman…. Mais aussi sa sƓur ainĂ©e qui va vivre une amitiĂ© capricieuse avec le fĂ©e.
Nous en arrivons enfin aux Ă©crivains, qui sont de loin les personnages qui m’ont le plus fascinĂ©. J’ai adorĂ© la folie qui les hante autant que leurs souvenirs. Le dĂ©lirium qui les habite, qui les retranchent dans leurs vices, leur acharnement. Et que dire de ce dĂ©sespoir qui suinte d’eux presque constamment quand, dans quelques Ă©clats de luciditĂ©, ils comprennent qu’ils ne verront plus jamais les fĂ©es. Que leur temps est fini, que leur quĂȘte est vaine. J‘ai vraiment aimĂ© que l’auteur n’ait pas Ă©dulcorĂ© son roman. Il s’y passe des trucs vraiment moches, vraiment glauques, vraiment fous. Ces quatre amis sombrent chacun Ă  leur maniĂšre dans des excĂšs pour y chercher les fĂ©es. Comme si Ă  dĂ©faut de les voir par le spectre de l’innocence, ils pouvaient les retrouver ainsi.

En ce qui concerne les fées.
Outre le nom dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© et que je trouve toujours aussi brillant, j’ai adorĂ© le double clin d’Ɠil Ă  Shakespeare et son Songe d’une nuit d’Ă©tĂ©. D’une part avec le terme de Pook ou Puck mais aussi avec la mission qui lui incombait. En outre, j‘ai aimĂ© le cĂŽtĂ© changeant, impossible Ă  vraiment saisir que Fabrice Colin Ă  donner Ă  ses fĂ©es qui peuvent ĂȘtre tangible, intangible, ce qu’ils veulent sans avoir entrer dans des cases. Chez Fabrice Colin, pas de typologie fĂ©Ă©rique et ça c’est tellement bon. Il y a une certaine libertĂ© qui transparaĂźt chez ce personnage et qui si elle peut ĂȘtre prise pour un caractĂšre des fĂ©es dĂ©veloppĂ©es par l’auteur, est en fait propre au personnage. En effet, du peu qu’on la distingue en arriĂšre fond, la sociĂ©tĂ© fĂ©Ă©rique semble pas mal enserrĂ©e dans ses propres rĂšgles, incomprĂ©hensibles Ă  l’entendement humain, mais pourtant tout aussi strictes. Et le personnage du fĂ©e c’est libre qu’il fuit son propre monde. Il paraĂźt turbulent, lĂ©ger, sans conscience, sans conception de la notion de consĂ©quence et pourtant il est nettement plus profond et grave. Et son destin en est d’autant plus tragique.

J’ai Ă©galement aimĂ© la maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale dont l’auteur a abordĂ© les fĂ©es et cette thĂ©matique. Il y a quelque chose de trĂšs anglais je trouve dans sa façon de faire. Dans un sens cela me fait penser Ă  Roi du matin Reine du jour de I. McDonald, mais aussi Ă  du B. Potter, au Parlement des fĂ©es de J. Crowley, Ă  du R. Holdstock etc. Les fĂ©es sont lĂ , sont au cƓur de l’histoire et pourtant elles sont peu prĂ©sentes, mais toujours lĂ . Comme ce truc qu’on voit du coin de l’Ɠil mais qui disparaĂźt dĂšs qu’on tourne la tĂȘte.

Et que dire de l’Ă©criture ! PurĂ©e mais je me suis rĂ©galĂ©e. La plume de Fabrice Colin est poĂ©tique, imaginative. Elle fabrique et souffle des images, des sentiments Ă  la figure du lecteur d’une maniĂšre dĂ©licieuse et dĂ©licate, mĂȘme dans les quelques pointes de vulgaritĂ© e d’horreur qui ponctuent parfois certaines tensions
. Car oui, Fabrice Colin nous livre un roman fĂ©Ă©rique, mais pour autant rangez vos paillettes. En effet, l’auteur ne prend pas de pincettes avec le lecteur. Il dit les choses et parfois elles sont crues, et parfois elles ne plaisent pas, elles mettent mal Ă  l’aise, sont franchement dĂ©gueulasses. Il ne va pas lisser son rĂ©cit pour plaire Ă  tout prix, ils ne va pas faire de ses personnages des modĂšles ou des monstres. Ils sont tout Ă  la fois. Ils sont humains. Et j’ai vraiment aimĂ© ça.

Au final, je pourrais encore blablater pendant des heures sur ce roman mais cet avis est dĂ©jĂ  trop long. C’est un Ă©norme coup de coeur. Donc merci Fabrice Colin de l’avoir Ă©crit, merci Hachette Heroes – Le Rayon Imaginaire de l’avoir publiĂ©. Continuez de me rĂ©galer ainsi.

o 0 O ° ° o . . ° O o . 0 ° o o ..

📓 Et vous, l’avez-lu ? Qu’en avez-vous pensĂ© ?

A bientĂŽt pour une nouvelle lecture
đŸȘ¶

Baci, baci
LGM


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